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Compte rendu du Jeudi du PSCC #14

Pour la 14ème édition des « Jeudi du PSCC », le Paris-Saclay Cancer Cluster a réuni 3 experts du monde académique, industriel et de l’investissement en santé autour de la thématique de la thérapie cellulaire en oncologie.

La plateforme CellAction – repenser la thérapie génique et cellulaire

Le Dr. Marion Alcantara présente l’importance de l’augmentation des produits de thérapies cellulaires et géniques, depuis 1988 avec les premiers traitements contre les cancers jusqu’à nos jours avec plusieurs dizaines de médicaments autorisés et en développement.


Plusieurs défis importants sont à relever avec notamment le positionnement en tenant compte de l’évolution rapide des pratiques cliniques ainsi que du paysage des stratégies thérapeutiques, la sous-estimation de l’importance du développement de procédé et la nécessité d’un travail collaboratif avec des équipes de recherche multidisciplinaire.


La plateforme CellAction s’est construite en s’appuyant sur les expertises scientifiques et techniques de l’Institut Curie en thérapie cellulaire, la proximité d’un environnement médical et des experts en développement des procédés. Il s’agit d’un laboratoire de recherche et développement, dans un environnement pré-BPF (Bonnes Pratiques de Fabrication), l’objectif de la plateforme n’étant pas de produire des thérapies en BPF, car il y a déjà plusieurs acteurs positionnés sur ce segment.


L’équipe de CellAction est dirigée par Marion Alcantara, PhD, MD, directrice médicale et Sebastian Amigorena, PhD, directeur scientifique, et est constituée de 20 employés à temps plein avec une cible de 38 en 2030. La plateforme, actuellement installée à Suresnes, a une destination finale sur le site Saint-Cloud de l’Institut Curie en 2025.


La plateforme a développé et propose une grande expertise en ingénierie cellulaire, notamment à travers l’utilisation d’un système clos semi-automatisé pour la production, ainsi que des techniques diverses de biochimie, biologie moléculaire, et d’édition génomique. De nombreux outils sont à disposition pour une caractérisation in vitro et in vivo, avec des essais fonctionnels, de la cytométrie de flux spectrale, de l’imagerie en bioluminescence et fluorescence, des modèles de tumeurs syngéniques et xénogreffes, et de la neurochirurgie stéréotaxique.


Le Dr. Alcantara illustre le champ d’action de la plateforme avec un projet en cours sur l’amélioration d’un CAR T dans le cadre d’un projet collaboratif (RHU EpCART) entre l’Institut Curie, la plateforme MEARY et Mnemo Therapeutics, avec pour objectif principal de lancer un essai clinique de phase 1/2. Les CAR-T cells qui seront évalués dans le cadre de cet essai possèdent deux modifications. La première est issue des travaux de recherche de Michel Sadelain sur des mutations inactivatrices des domaines ITAMs du CD3zeta (avec des résultats prometteurs dans une étude de phase 1 du MSKCC), et la seconde est le fruit de la recherche de Sebastian Amigorena sur la reprogrammation épigénétique des CAR-T cells, pour diminuer l’épuisement et favoriser la mémoire, l’efficacité antitumorale et la persistance à long terme. Le projet RHU EpCART associe donc ces deux découvertes majeures pour évaluer la toxicité et l’efficacité de ces CAR-T cells optimisés dans le cadre d’un essai clinique. Le développement d’un procédé (production et analytique) pour ce produit est en cours au sein de CellAction.

En conclusion, CellAction propose un modèle de partenariat pour réaliser le développement de thérapies cellulaires et géniques, dans un environnement pré-BPF, avec l’intégration d’une expertise pour le transfert clinique et le développement des procédés.


Développement de traitement par thérapie cellulaire

Pierre Sinet présente Gilead-Kite dont la partie Kite se focalise sur le développement de thérapie cellulaire. La spécificité de Gilead-Kite est d’avoir intégré toutes les parties du développement de thérapie cellulaire. Ils sont totalement autonomes dans le développement de leur thérapie cellulaire. Kite a été pionnier en thérapie cellulaire, après avoir été fondé en 2009 et avoir atteint plus de 25 000 patients traités par thérapie cellulaire en 2024. La société a son siège social aux Etats-Unis avec notamment des installations de production sur la côte Ouest et la côte Est, et un centre de production à Amsterdam pour la distribution des traitements en Europe. L’installation à Amsterdam représente 19 000 m2 avec plus de 900 salariés représentant plus de 50 nationalités, et un investissement de plus de 185 millions d’euros pour l’ensemble de l’installation.


Pierre Sinet nous rappelle que la thérapie cellulaire utilise la propre puissance du système immunitaire des patients, qui démarre avec le prélèvement des cellules chez le patient, l’isolement et l’activation des lymphocytes T, l’ingénierie de ces lymphocytes T avec l’insertion d’un gène CAR, l’expansion de ces lymphocytes T modifiés et leur infusion au sein du patient dont ils sont issus. Chaque traitement est spécifique d’un patient. Le temps entre l’aphérèse (prélèvement chez le patient) et la libération du traitement prend environ 17 jours. En 2026, avec l’extension des capacités de production, il est prévu de produire plus de 24 000 traitements.


Les thérapies doivent être administrées dans des centres qualifiés. En France, il y a à ce jour 33 centres qualifiés par les Agences Régionales de Santé et Gilead-Kite dans différentes régions. Le suivi des patients via le registre DESCART se fait de manière rapprochée, ce qui permet d’avoir un retour rapide sur les résultats et les potentiels effets secondaires. C’est un modèle très intéressant entre académique et industrie.


En thérapie cellulaire, le parcours patient est plus long que les 17 jours de préparation du traitement. En effet, il faut compter environ une douzaine de jours avant l’aphérèse, puis une quinzaine de jours après la libération du lot avant l’administration chez le patient. Au total, la durée de la prise en charge est d’environ 1 mois et demi.

Tout un travail est mené par les équipes de Kite Gilead afin de rendre la mise à disposition du traitement au patient plus efficace : l’automatisation, l’innovation (amélioration de la construction des CAR T afin d’être plus rapide pour produire) …

La stratégie de recherche a étendu le leadership en thérapie cellulaire dans d’autres aires thérapeutiques telles que le myélome multiple, et une ouverture à des nouvelles approches autologues et allogéniques.


Le fonds d’investissement Sofinnova Partners

Matthieu Coutet présente Sofinnova Partners, un fonds d’investissement, avec plus de 50 ans d’expérience, gérant près de 3 milliards d’euros à partir de 3 bureaux (Paris, Milan, London). Composé de 90 personnes de 24 nationalités, dont une grande majorité de scientifiques (20 PhD, 5 MD), le fonds opère dans deux domaines principaux : les sciences de la vie et le développement durable. En santé, Sofinnova soutient la biopharma, la medtech, la médecine digitale.


Matthieu Coutet fait partie de Biovelocita, une stratégie d’investissement dédiée à l’accélération des biotechnologies en Europe, focalisée sur les projets les plus précoces. Le fonds identifie des opportunités académiques, structure et co-crée les projets, finance et gère les startups pendant leur phase d’accélération, jusqu’à ce qu’elles disposent de données suffisantes pour lever une série A.


Biovelocita se distingue par son management direct, assuré par ses quatre associés, qui sont à la fois entrepreneurs, opérateurs et investisseurs. Cette approche pratique et immersive implique une intervention dès le démarrage du projet, depuis l’identification d’une opportunité en laboratoire jusqu’à la création et la structuration de l’entreprise.

Le fonds principal, Sofinnova Capital, cible les startups en phase de démarrage légèrement plus avancées que celles soutenues par Biovelocita, notamment celles prêtes à lever une série A. Sofinnova Crossover, quant à lui, se concentre sur les sociétés en phase de croissance plus avancée, souvent au stade clinique (phase 2) ou proche de la commercialisation.

Sofinnova s’appuie sur un réseau international de talents et un capital important pour accélérer les sociétés de son portefeuille, offrant financement, expertise opérationnelle et accompagnement stratégique.


En partenariat avec Gustave Roussy, reconnu pour son excellence scientifique et médicale, Sofinnova développe plusieurs projets, notamment en thérapie cellulaire. Matthieu Coutet conclut que, pour que la thérapie cellulaire s’impose dans le traitement des cancers, il est essentiel d’apporter beaucoup de temps au développement du procédé pour une industrialisation. Cette problématique doit être intégrée dès le début. L’innovation est essentielle, mais elle doit être accompagnée d’un pragmatisme dès les premières étapes.


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Dr. Marion ALCANTARA, Institut Curie

Médecin en onco-hématologie avec un diplôme universitaire en thérapie cellulaire ainsi qu'un doctorat en immunologie, son activité clinique se concentre sur la coordination des greffes de cellules souches autologues et de la thérapie cellulaire. Elle est directrice médicale de CellAction (Cell therapy Acceleration and Innovation), une structure de l'Institut Curie qui fait également partie de l'écosystème du pôle de cancérologie Paris Saclay, visant à apporter de l'innovation afin de développer des immunothérapies cellulaires efficaces.


Dr. Pierre SINET, GILEAD KITE

Senior Medical Director Cell Therapy pour Gilead-Kite en France. Il est titulaire d'un doctorat en pharmacie, d'un master en recherche clinique et d'un autre en économie de la santé. Avant de rejoindre Gilead-Kite, Pierre a travaillé pendant 10 ans pour Janssen (J&J Innovative Medicine) à différents postes d'affaires médicales en hématologie sur des thérapies innovantes approuvées et en développement, en France et dans l'équipe globale (basée aux Etats-Unis).


Matthieu COUTET, Sofinnova Partners

Partner au sein de Sofinnova, il fait partie de l’équipe Sofinnova Biovelocita, dédiée à l’accélération des biotechnoloigies. Fort de 20 ans d'expérience dans le capital-risque et la biotechnologie, il a passé une décennie dans le transfert de technologie en tant que Directeur du département New Venture d'Inserm Transfert et Managing Partner d’Inserm Transfert Initiative. Dans ce rôle, il a réalisé 14 investissements en phase d'amorçage dans des entreprises basées sur la recherche universitaire. Il a ensuite occupé des postes de Vice-Président des Opérations et du Développement Commercial pour deux startups biotechnologiques françaises : TherAchon (acquise par Pfizer) et Annapurna Therapeutics (fusionnée avec Adverum Biotechnology). Direction à TherAchon (acquise par Pfizer) et Annapurna Therapeutics (fusionnée avec Adverum Biotechnology). En 2016, il a cofondé AdBio Partners, levant des fonds pour investir dans des startups biotechnologiques en phase de démarrage et cofondant six entreprises. Il est également membre du conseil d’administration de France Biotech.



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